Vivre au ralenti dans des chalets

Au carrefour du Shikoku

Depuis les temps les plus anciens, la région de Nishi-Awa a été un carrefour de l’île de Shikoku, avec ses quatre domaines (shi = quatre, koku = domaine (territoire de fief)). Comme elle est située au centre de la chaîne de montagnes du Shikoku, tout voyageur se déplaçant d’un domaine à l’autre est obligé de passer par Nishi-Awa. Aujourd’hui, le tracé des routes suit le fond des vallées, mais autrefois les chemins étaient situés très en hauteur, sur les lignes de crête, et pour cause : les vallées étaient parsemées de rochers et à la merci des inondations ; les animaux sauvages y rôdaient ; l’ensoleillement y était limité, empêchant toute possibilité de cultiver les terres. C’est ainsi que les communautés humaines s’établirent sur les hauteurs, où l’on trouve tout ce qu’il faut pour vivre.

Comme les pentes abruptes n’offraient aucun palier, il fallut créer des plates-formes en pierres, qui servirent de fondations aux maisons et aux chemins. Ces murs étaient faits sans mortier ni ciment, et ne tenaient que grâce à une soigneuse disposition des pierres leur permettant de rester en place. Mais une fois érigés, ces murs ont su traverser les siècles.

Anciennes méthodes de culture durables

Comme ils ne disposaient pas de terrains plats, ces agriculteurs des hauteurs ont développé des méthodes pour cultiver les pentes. Les lignes de cultures suivaient la courbe des coteaux, empêchant ainsi l’érosion et le ruissellement de l’eau. Après avoir coupé des herbes, les agriculteurs les dressaient en moyettes. Ce matériau organique, riche en éléments nutritifs, servait ensuite de paillis pour les cultures alimentaires : un procédé entièrement naturel et durable… On ne s’étonnera pas que les aliments produits ainsi aient un goût si fabuleux !

Comme il n’est pas possible de faire pousser du riz sur les pentes, c’est le sarrasin (soba) qui est la céréale du coin. C’est une plante attrayante, qui donne de magnifiques fleurs blanches. À Sakurai, vous pourrez vous promener dans les champs de sarrasin et vous délecter à la vue de toutes les fleurs sauvages qui poussent alentour.

Courtes sont les heures où le soleil atteint le fond des vallées d’où l’impossibilité de cultiver les terres. Ainsi les communautés se développèrent dans les parties hautes des vallées, où l’on peut se procurer tout ce qui est nécessaire à la vie.

Un village de poupées mannequins

Il est un lieu où tous les habitants sont immobiles. C’est Nagoro, le village des poupées, où la population disparue a été remplacée par des mannequins de taille humaine que les visiteurs viennent photographier.

Vivre au ralenti dans une kominka

Le hameau de Ochiai est l’une des communautés montagnardes les plus représentatives d’un mode de vie séculaire. Aujourd’hui, vous pouvez descendre dans l’une des huit habitations centenaires, mais pourvues de tout l’équipement moderne : double vitrage, chauffage sous le plancher, futons épais et moelleux pour l’hiver. Et vous avez le choix entre une douche princière ou un bain surplombant un paysage de rêve !

Cet ensemble de maisons appelé « Tōgenkyō-Iya » a été restauré par Alex Kerr, célèbre dans le monde entier pour un autre projet, Chiiori, de kominka louées pour les vacances. Outre ces vieilles demeures à louer, vous pouvez être logé chez l’habitant, dans une famille d’agriculteurs, et vivre avec eux au ralenti.

Pour le dîner, les femmes de la région vous préparent des plats à base de légumes fraîchement cueillis sur les pentes environnantes et de cerf ou de sanglier. Les visiteurs originaires de pays où la pomme de terre est reine seront surpris par la diversité et la qualité des goûts des pommes de terre de la région. Quant au petit déjeuner, vous pouvez opter pour une ancienne résidence de samouraï au toit de chaume ou préférer le petit restaurant de soba sur la route.

Le bruit des animaux sauvages

La nuit, si vous vous aventurez sur les sentiers autour du village, à la belle étoile, vous entendrez sûrement de gros animaux et des tanuki (ou chiens viverrins) se déplacer à travers les bois. Avec un peu de chance, vous pourrez même en voir quelques-uns.

Le matin au réveil, une fois les rideaux tirés, attendez-vous à être surpris par la vue : les rayons du soleil perçant une mer de nuages qui se déverse dans les vallées, entre les arbres affleurant. Tout paraît frais, brillant et humide. Comme par hasard, la faim se fait sentir. C’est le moment de vous rendre dans une autre maison où le petit déjeuner vous sera peut-être servi au son du shamisen, le luth traditionnel à trois cordes.