Une région où l’histoire est vivante

La splendeur des marchands

Depuis l’ère Edo, les zones de Nishi-Awa riveraines des parties navigables du Yoshino-gawa ont connu un commerce florissant, notamment avec les produits teints à l’indigo. Aujourd’hui, la couleur de l’uniforme des équipes de sport nippones est de ce fameux « bleu du Japon », le bleu indigo obtenu à partir d’une plante qui pousse au Japon. L’indigotier est mis à fermenter dans des cuves remplies d’eau et donne une teinture d’un bleu très profond en dégageant une odeur particulière. Cette couleur est devenue celle des notables – les marchands et les guerriers – et ceux qui firent le commerce des produits teints à l’indigo bénéficièrent d’un marché prodigieux.

À mesure que grandissait leur prospérité, les marchands affichaient leur fortune dans des demeures élégantes. Par chance, ces splendides habitations peuvent encore se visiter aujourd’hui, à deux endroits en bord de fleuve. À Mima, dans le quartier Wakimachi, se trouve une longue rue où donnent les anciennes demeures de marchands de style architectural « udatsu ». Il s’agit de murets recouverts de tuiles, qui se dressent à l’extrémité du premier toit des bâtiments. Initialement, ils servaient de coupe-feu, pour éviter la propagation d’un incendie d’une maison à l’autre. Progressivement, ils sont devenus des éléments décoratifs élaborés puis le symbole d’un certain statut social et de richesse.

Une rue du même genre existe à Sadamitsu, avec des udatsu encore plus baroques. Ils arborent un étage supplémentaire, des tuiles encore plus travaillées à chaque niveau, et un panneau de reliefs enduits à la chaux en décor de façade.

Une rue du même genre existe à Sadamitsu, avec des udatsu encore plus baroques. Ils arborent un étage supplémentaire, des tuiles encore plus travaillées à chaque niveau, et un panneau de reliefs enduits à la chaux en décor de façade. Les plus belles maisons ont été transformées en musées montrant la vie de ces marchands. Les autres sont devenues aujourd’hui des cafés ou des boutiques de produits locaux.

Dans la campagne, à côté de ces rues aux extravagantes demeures de marchands, vous pourrez découvrir de nombreuses fermes traditionnelles : d’adorables petites maisons aux toits de chaume couverts de plaques de métal bleues et argent. Elles sont entourées de carrés potagers dont les légumes changent avec les saisons – pois et haricots au printemps et en été, radis blancs et choux chinois en hiver.

Les secrets de l’indigotier

À mi-distance, dans la rue aux maisons de marchands de Wakimachi, on découvre une petite place de beaux bâtiments restaurés ; l’un d’eux abrite un atelier de teinture à l’indigo. Deux cuves sont remplies de feuilles d’indigotier en fermentation. Un film arc-en-ciel surnage à la surface ; une odeur âcre rappelant la terre s’en échappe chaque fois qu’on ouvre le couvercle pour vérifier le stade de fermentation. Ici, les artisans confectionnent encore de superbes vêtements et accessoires teints à l’indigo, ainsi que des ombrelles en bambou et papier faites à la main. Elles servent à se protéger de la pluie et du soleil, mais font aussi de très beaux éléments de décoration dans la maison.

Le tabac, une manne financière

Une autre source de richesse pour la région a été la culture du tabac à Tsuji. Vous y verrez des résidences de l’ère Edo et Meiji, d’architectures variées. Yoshimizu – l’une des quatre grandes marques de saké de Nishi-Awa – est installé ici.

Une ville de temples bouddhistes

Une partie de la richesse des marchands a été consacrée à la quête spirituelle. Un quartier entier de Mima est occupé par des temples bouddhistes, le Teramachi, constituant une petite ville en soi. Certains, vieux de 1 300 ans, remontent à l’ère Nara. Laissez vos pas vous conduire parmi ces temples aux architectures et jardins variés. Derrière le Ganshō-ji vous attend le jardin Karesansui-teien, l’un des jardins de temple les plus célèbres de Shikoku. Vous serez impressionné par le grand portail à deux étages du temple Anraku-ji, qui abrite aussi une scène de théâtre Nō. Deux sépultures vieilles de 1 400 ans se trouvent également en ces lieux.

Yoshino-gawa, un fleuve hors du temps

Tandis que vous visitez ces endroits chargés d’histoire, le Yoshino-gawa est toujours derrière vous, large et profond, avec ses eaux d’un intense bleu turquoise. Les nombreux ponts qui l’enjambent dans la vallée viennent rappeler, à chaque instant, que la richesse de cette région provient du transport fluvial de produits, au-delà des frontières du Shikoku.